Du 3 au 6 mai
2h30 de route nous séparent de notre destination et à peine sortis de la marina, on s'en prend déjà plein les yeux. Le paysage est magnifique : au loin, les cimes de la Sierra Maestra, de grands palmiers royaux dans un relief vallonné vert, des flamboyants qui commencent à fleurir.
La population, très rurale dans cette partie de l'île appelée L'Oriente, vit dans de petites masures en bois, ou bien dans des maisons classiques aux fenêtres sans vitre mais fermées par des persiennes en métal galvanisé ou encore dans des barres d'immeubles décrépis qui surgissent un peu n'importe où étonnament.
Sur la route, nous croisons toutes sortes de véhicules, vieilles américaines, camions dont certains servent de transport en commun, charrettes à cheval, vieilles jeeps et vélos ; ce qui demande beaucoup de concentration à notre chauffeur !
Nous découvrons aussi que l'une des préoccupations majeures des cubains est le transport. Les cubains sont peu à posséder une voiture si bien qu'à chaque embranchement, ils sont nombreux à attendre, souvent longtemps, un bus aux horaires de passage aléatoires, un camion déjà bondé ou bien à faire " botellas " c'est-à-dire du stop. C'est comme ça pour chaque besoin et surtout pour aller bosser matin et soir. Seul le transport scolaire des enfants a l'air organisé à bord de gros bus jaunes.
Nous nous perdons un peu à Holguín car ici, pas de GPS ! La signalisation routière est en plus assez fantaisiste. C'est la même chose quand nous arrivons à Santiago jusqu'à ce qu'un " jinetero" nous propose de nous accompagner à la "casa particular" Tania où nous avons réservé des chambres. Un jinetero est généralement jeune et essaie, par tous les moyens dont quelques entourloupes en abusant les touristes, de se faire quelques CUC. Le CUC est le peso cubain convertible utilisé par tous les touristes pour leurs dépenses. Les cubains utilisent le peso national. Un CUC vaut 24 pesos et a la parité avec le dollar américain. C'est pourquoi tout le monde à Cuba recherche les CUC.
De la terrasse de la maison, nous avons une vue quasi panoramique des toits de la ville avec la baie au loin. Cela ressemble vraiment à une ville d'Amériquelatine et c'est génial.
Nous profitons d'un accueil amical et souriant des cubains qui nous hébergent. Nous dînons quasiment chaque soir chez Tania qui nous prépare délicieusement ce que l'on veut. Elle fait d'ailleurs une jolie surprise à Yohann pour ses 6 ans avec son joli gâteau que nous partageons joyeusement, même très très joyeusement pour certains (n'est ce pas Eric) !
Nous n'aurions jamais découvert Santiago sans l'aide précieuse de notre guide cubain Alfredo que nous avons rencontré le lendemain même de notre arrivée. Alfredo, environ 26 ans, un peu de sang italien et français mêlés à son origine cubaine, sympathique, souriant et disponible, parle parfaitement notre langue et nous emmène dans sa ville, 2ème du pays avec ses 490 000 habitants, hors des sentiers battus pour notre plus grand bonheur !
C'est ainsi que nous dansons la salsa aux bras de cubains et cubaines calientes sur des airs du "son",genre musical unique , fruit d'un métissage afro-cubain et dont le fer de lance fut l'illustre musicien Compay Segundo à La Casa de las Tradiciones. De délicieux mojitos préparés sous nos yeux étanchent notre soif et lèvent certaines inhibitions...si vous voyez ce que je veux dire !
Cet endroit devient vite notre repaire et nous profitons à fond des différents groupes de musique qui s'y produisent.
Nous projetons tout d'abord une visite incontournable à Cuba : celle d'une fabrique de cigares ! La fabrique Célia Sanchez, quasi la dernière de Santiago emploie 220 personnes dont 80% de femmes qui y roulent des Montecristo et des Romeo y Julieta avec des feuilles de tabac venues de la région de Pinar del rio à l'ouest. C'est un travail minucieux et précis qui se fait dans la fournaise, en musique et sous surveillance. L'odeur entêtante du tabac et la chaleur ont d'ailleurs valu un petit malaise vagal à notre Inès !
Santiago, ciudad de las Escaleras, est une ville attachante. Elle s'étend des pentes des collines jusqu'à la baie immense. Le centre historique est assez petit et s'organise autour du Parque Cespédes. C'est une balade agréable que nous faisons dans le dédale des ruelles où de belles surprises nous ravissent comme de belles maisons coloniales décrépies pour lesquelles le temps a l'air de s'être arrêté, comme les belles voitures américaines, comme les enfants qui jouent au base-ball dans la rue, comme la population souriante malgré les difficultés économiques.
Nous entrons aussi dans la demeure coloniale la plus ancienne de Santiago et peut-être même d'Amérique latine, construite par Diego Velázquez, premier gouverneur de l'île au XVIème siècle.
Transformée en musée, elle abrite sous sa belle architecture, la première fonderie d'or des colonies, du mobilier du XVI, XVII et XVIIIème siècle, de la porcelaine et plein d'autres merveilles...qui laissent de marbre certains de nos enfants.
Santiago, là où la révolution cubaine s'est mise en marche un certain 26 juillet 1953, entretient la mémoire de ces moments de lutte à travers le musée de "la lucha clandestina" où nous faisons une visite guidée étonnante et le musée Moncada (ancienne caserne militaire) qui garde sur sa façade l'impact des balles échangées lors de l'attaque menée par Fidel Castro.
Partout à Cuba, au bord des routes, dans les villes, dans les vitrines de magasin et même dans les églises, nous pouvons lire des messages révolutionnaires "Volverán", "la lucha siempre " ...
Dans ces quelques jours passés à Santiago, nous faisons une excursion à la "Basilica de la Virgen de la Caridad del Cobre", un des lieux de pélerinage les plus populaires de l'île et construite en 1927 près d'une mine de cuivre (cobre en espagnol). Nous arrivons par hasard au moment de la messe dominicale et j'en profite pour faire quelques prières à Marie. Alfredo nous explique que la Virgen del Cobre, Sainte Patronne de Cuba est vénérée et associée dans la santería (équivalent du vaudou haïtien, syncrétisme de croyances et pratiques animistes, de rituels africains et de catholicisme) à Ochún déesse de l'Amour, de la sensualité, de la maternité, des Eaux Douces et de l'Or. La tradition veut que l'on dépose aux pieds de l'autel des bouquets de fleurs de tournesol que l'on peut acheter tout au long du chemin. C'est ce que nous faisons avec Alfredo...
Nous allons aussi à la Gran Piedra, gros rocher culminant au sommet d'une montagne culminant à 1234 mètres d'altitude. Grâce au ciel, malgré plusieurs refus de notre voiture d'avancer pour cause de surchauffe, nous y parvenons, capot ouvert !
Pendant que les courageux gravissent les 452 marches jusqu'au sommet pour profiter de la vue magnifique, je reste avec Yohann et Emma à jouer.
Du Castillo del Morro construit au XVIIème siècle pour protéger la baie contre les flibustiers, nous découvrons un beau panorama sur la baie, le cayo Granma et son village de pêcheurs.
A Santiago, les contacts privilégiés avec des cubains sont nombreux. Nous échangeons beaucoup avec Alfredo qui nous fait rencontrer d'autres cubains comme ceux qui nous font découvrir un vieux rhum 15 ans d'âge Matusalem, l'un des meilleurs que j'ai bus de ma vie, comme sa charmante compagne...
Nous rencontrons aussi des jeunes cubains en pleine fête d'anniversaire pour laquelle, sous nos fenêtres, en pleine ville un cochon est grillée à la broche. Les hommes et les enfants jouent de très sérieuses parties de dominos avec notre hôte.
Nous quittons tristement Santiago, premier coup de cœur de notre séjour cubain pour Camagüey.
Et un grand merci à toi Alfredo pour ces quelques jours passés en ta compagnie.
« Nath second d'Humanes ! »
Les commentaires sont clôturés
1. Par Pierre le 20/06/2017
Bonsoir, Je viens de parcourir votre blog, merci pour vos informations très utiles et photos. Nous ...
2. Par Bouville le 06/02/2017
Decidemment Lagoon toujours au top en terme d'agents! Nous avons eu de gros soucis avec eux ou plutot ...
3. Par PHILIPPE BOUTRY le 21/11/2016
Imagine, notre 442, nous a toujours comblé notamment lors d'une grande virée vers les Antilles et les ...