Le voyage vu par Nath et Stéph. Enfin, surtout par Nath qui a plus de courage pour alimenter le blog.
16 novembre
Nous prenons une des chaloupes qui relient plusieurs fois par jour Dakar à Gorée. La traversée dure 20 minutes et c'est bien plus simple que d'y aller en cata avec les nombreux filets des pêcheurs. Sur le bateau, des sénégalaises pomponnées qui vendent des souvenirs sur l'île nous abordent. Elles ont toutes le même discours: "moi, c'est Fatou...ou Martine...tu te souviendras de moi, promis? Et tu viens me voir à ma boutique après la visite".
Gorée est une très belle et petite île de 900m de long et de 300m de large.
Port naturel abrité des caprices de l'Océan Atlantique et sur les grandes routes maritimes commerciales, la posséder était un enjeu stratégique. C'est pourquoi son passé fut tumultueux. Découverte en 1444 par un navigateur portugais Dinis Dias, elle passa aux mains des hollandais en 1627 puis des français en 1667. Classée par l'UNESCO au Patrimoine Mondial de l'Humanité en 1978, elle est le symbole mondial de la traite négrière. Une plaque commémorative à l'arrivée nous le rappelle.
Nous passons devant la statue symbolique de deux esclaves enlacés aux chaînes brisées. Elle se situe près du musée de la femme Henriette Batilly qui était dans les années 90 une grande journaliste et porte-parole de la femme africaine. La bâtisse a une forme insolite d'étrave de bateau. En cours de restauration, on ne peut pas la visiter. Notre guide nous ballade dans les ruelles toutes de terre battue, aux maisons fleuries de bougainvilliers et de jasmin jusqu'à la Maison des Esclaves.
Elle fut construite par les français en 1783. On y rentre par un petit porche. Deux escaliers en arc de cercle s'avançant comme deux bras permettent d'accéder à l'étage.
Sur les côtés, se trouvent les cellules. 100 à 200 esclaves y étaient emprisonnés selon des critères précis. Les familles étaient bien entendu séparées. Les hommes à droite, entassés dans une minuscule cellule à barreaux où ils étaient enchaînés. Les enfants étaient jetés dans une espèce de long corridor.
Il y avait aussi la cellule des jeunes filles choisies en fonction de leur virginité et de leur poitrine, puis celle des femmes.
Une pièce était également consacrée à l'engraissage et une autre au pesage. Un homme devait peser au moins 60 kg pour être vendu à bon prix. Ceux qui avaient des envies de rébellion ou de protestation étaient enfermés dans les cellules des récalcitrants situées sous les escaliers. Inutile de dire que tous ces futurs esclaves vivaient dans des conditions d'insalubrité totale...
Pendant ce temps, au-dessus de cette misère et de ce désespoir, des cris et des pleurs, vivaient les esclavagistes bien tranquillement installés. La visite se termine dans le corridor qui mène à la "porte du voyage sans retour" où les cadavres des moins résistants étaient précipités dans la mer et où les autres embarquaient pour l'Amérique ou l'Europe. Bien triste visite, lieux chargés d'émotion...
Nous marchons ensuite vers la colline basaltique de Castel culminant à 30 m. Ce lieu serait magique et refuge du génie Castel, protecteur de l'île. On y trouve le Mémorial de l'Esclavage dont Clinton posa la 1ère pierre et deux énormes canons français.
Nous redescendons vers le port en admirant le travail des artistes locaux, passant devant l'ancien hôpital militaire et le palais du gouverneur complètement délabrés qui servent d'habitations aux îliens natifs. Ici encore, des sénégalais et européens fortunés ont racheté d'anciennes maisons coloniales pour en faire des résidences secondaires. La richesse côtoie la plus grande précarité...
Nous terminons notre promenade sur la place de la petite mairie sous le grand baobab. A Gorée, depuis 10 ans, fait d'exception, c'est une municipalité écologique qui tient les rênes et ça se voit. Un gros effort est fait pour préserver l'environnement.
Stéphane tente en vain de photographier des sénégalaises en tenue locale et des enfants mais la plupart refusent de crainte de se retrouver sur une carte postale. Il pourra quand même phographier une sénégalaise qui vend des robes traditionnelles. Je me laisse tenter.
Nous déjeunons face au fort d'Estrées de bonnes gambas pêchées dans la baie et faisons quelques emplettes avant de prendre la chaloupe du retour.
15 novembre
Aujourd'hui, c'est une journée CNED et CVD. Emma en profite pour laisser sa petite frimousse entre les mains expertes de Mama légumes pour de jolies tresses. Ça fait plusieurs jours qu' elle me casse les pieds avec ça ! Elle en a pour son grade : 2 heures à rester immobile, la tête en arrière. Le jeu en valait la chandelle. Ma poulette est toute mimi !
13 novembre
Avec Eric et Béatrice, nous louons les services d'un grand taxi pour nos familles. Le minibus n'est pas de la première jeunesse : pare-brise très fissuré, trous dans le plancher, suspensions en vrac.
Nous traversons la ville dans la poussiére, le bruit, la chaleur, le dioxyde de carbone mais le spectacle de la rue est tel que nous en avons plein les yeux et que nous ne regrettons rien : charrettes tirées par des ânes, bus municipaux colorés et bondés, très jolies sénégalaises aux costumes irisés et saillants mettant leur silhouette et leur peau d'ébène en valeur, marchands ambulants de toutes sortes, troupeaux de chèvres, ribambelle de petites boutiques...
Et puis, vient ensuite la savane arborée de baobabs centenaires, arbres sacrés, emblème du Sénégal. Son tronc peut stocker près de 100 000 l d'eau. Son fruit "le pain de singe" assez acidulé est utilisé pour la confiture et dans les coktails. Les sénégalais disent que c'est l'immodium local !
Le Lac Rose ou Lac Retba se situe à une quarantaine de kilomètres de Dakar. Il est connu des amateurs du rallye Paris-Dakar qui y célébrait son arrivée. C'est une étendue d'eau de 5 km de long et de 800 m de large qui détient le record de salinité de 380 g/l (10 fois le taux normal de la mer) entre la plage et la savane. Sa couleur rose provient d' un pigment rouge sécrété par une cyanobactérie ( algue microscopique ) pour résister à la forte concentration en sel.
Notre sympathique guide nous indique que ce sont le hommes qui sont chargés de récolter le sel. Enduits de beurre de karité des pieds à la tête, ils passent toute leur journée dans l'eau jusqu'à mi-buste, avec un tamis autour du cou, à transpercer à l'aide de bâtons l'épaisse croûte de sel déposée au fond du lac. Ils peuvent mettre dans leur pirogue à fond plat jusqu'à 1 tonne de sel quotidiennement. Sur la berge, ce sont les femmes qui interviennent. Elles débarquent le sel puis en font des tas. Elles sont payées au nombre de pirogues traitées. Un ramasseur gagne 7000 CFA ( 11€ ) par jour mais il devra déduire de cette somme les 1000 ou 2000 CFA qu'il donnera aux femmes pour le déchargement de sa pirogue. Quand l'harmattan souffle, une mousse blanche recouvre les abords du lac. La neige sénégalaise plaisante notre guide ! A propos de neige, c'est en partie le sel de ce lac qu'on déverse l'hiver sur nos routes gelées.
C'est au gîte du lac que nous partageons notre repas avec le guide et le chauffeur du minibus. Après le poulet ou le poisson yassa, le maffé (sorte de ragoût de boeuf à la pâte d'arachide, beurk !), on goûte le thiof (mulet grillé avec oignons et riz). Stéphane et Béatrice en profitent pour marchander ardemment des masques et des statuettes. Ils sont terribles ces vendeurs sénégalais ! Ils proposent toujours un prix d'amis pour leur pièce unique !
Nous mettons le cap, en début d'après-midi, sur la réserve de Bandhia à une soixantaine de kilomètres plus au sud. Nous pensions que notre chauffeur réservé depuis la veille au matin connaissait parfaitement la route à suivre mais que nenni ! Il doit s'arrêter fréquemment pour demander son chemin. En fait, il n'a sans doute jamais mis les pieds à Bandhia ! Ça arrive assez souvent au Sénégal avec les taxis : ils acceptent toutes les courses et ils avisent en route !
La réserve de Bandhia, c'est 3500 hectares de savane plantée d'accacias et de baobabs millénaires et sillonnée de 50 km de pistes. Le minibus résonne de ah...les girafes, de oh... les singes patas, les antilopes impalas, les rhinocéros, les buffles, les gazelles de Berby, les autruches, et de zut...on ne voit pas les zèbres !
Il y a aussi des crocodiles qui se dorent au soleil. Nous avons même l'autorisation de descendre du véhicule pour contempler un énorme baobab au tronc creux qui sert de sépulture à plusieurs griots. Les ossements visibles impressionnent les enfants. Les griots sont des professionels de l'art oral si important et si riche en Afrique noire. C'est un statut qui se transmet de père en fils. Comme ils ne travaillent pas la terre, ils ne peuvent être ensevelis à leur mort.
Nous sommes ravis d'avoir vu tous ces animaux quasi libres dans leur milieu naturel.
Encore une belle journée! Que nous sommes gâtés par ce pays et ses habitants !
« Nath second d'Humanes ! »
12 novembre Visite de Dakar
C'est avec l'équipage très sympathique de Lilhadoc, un bel outremer 49, arrivé depuis peu à Dakar, que nous partons en taxi pour la visite de cette ville grouillante. La circulation est cahotique : embouteillages, klaxons, énorme pollution des gaz d'échappement, rues plus ou moins défoncées.
Nous passons devant des bâtiments de style colonial comme l'hôtel de ville, descendons du taxi place de l'Indépendance et continuons notre promenade dans les rues de Dakar jusqu'à la cathédrale de style plutôt art déco avec ses deux clochers, sa coupole intérieure peinte.
Dans les rues de Dakar, la plus grande pauvreté côtoie la plus grande richesse : petites maisons délabrées où s'entassent des familles entières, immeubles des grosses banques et firmes internationales, vieux taxis aux banquettes et pare-brise défoncés, gros 4X4 type cayenne, marchands ambulants vendant trois fois rien... Nous poursuivons ensuite vers le quartier de Soumbédioune et le village artisanal. Nous sommes vite assaillis par des marchands qui veulent nous montrer bijoux, statuettes, masques, batiks... "rien que pour le plaisir des yeux" ! Et comme nous sommes 10 toubabs (hommes blancs) parmi une foule noire, autant vous dire que nous sommes suivis, hélés sans interruption !
Un sénégalais me glisse avec un large sourire : "on est collant comme des mouches mais on ne pique pas comme les moustiques" !
Pour aller vers le typique marché aux poissons, un vieux sénégalais édenté, nous propose son aide sans doute avec une idée de quelques billets à gagner derrière la tête. Il nous fait parcourir des rues plus ou moins glauques.
La nuit commence à tomber. Nous passons devant la mosquée de style marocain inaugurée en 1964, bien plus imposante que la cathédrale (90% des sénégalais sont mulsumans). Nous arrivons au marché de nuit après avoir longé le cimetière, parcouru des chemins sombres. Béatrice et moi ne sommes pas très rassurées !
Il est un peu tard pour le marché; les pirogues blanches aux frises multicolores sont toutes échouées et serrées les unes contre le autres, les étals sont quasi vides... Fin d'une journée tout à fait surprenante !
Prochaine destination : les espaces verts et la savane !
05 novembre
3 jours. C'est le temps que nous mettrons pour quitter le Maroc, longer la Mauritanie (sans s'y arreter, les échos sur la sécurité ne sont pas très bon) et arriver au Sénégal.
Enfin Dakar, enfin l'Afrique Noire ! Nous sommes certains que le dépaysement sera total. Nous sommes heureux et un peu excités de découvrir le Sénégal.
Nous croisons sur notre route des pirogues de pêcheurs. Les plus grandes sont motorisées et ils sont alors nombreux sur cette embarcation. Ils viennent parfois jusqu'à HUMANES pour nous demander de l'eau en nous faisant de grands signes et nous souhaitant la bienvenue. D'autres sont de toutes petites pirogues sur lesquelles un seul marin pagaie et écope. Quel courage, quelle condition physique !
Nous passons entre la pointe du cap vert et l'île de Gorée en prenant garde de ne pas attraper un filet de pêcheur dans les hélices.
Nous arrivons dans la baie de Hann à la recherche du mouillage du CVD (club de voile de Dakar). Elle est grande et belle mais nous réalisons très rapidement qu'elle est gravement polluée tellement l'odeur est par moment nauséabonde et la couleur de l'eau douteuse. Quel dommage ! Les enfants sont déçus car la baignade sera impossible.
Nous repérons enfin le bâtiment blanc aux fenêtres bleues du club entre les palmiers et nous mouillons face à lui parmi quantité de bateaux français.
Le CVD, où nous prenons notre premier dîner sénégalais fait de poisson yassa, est un endroit sympathique: une terrasse face à la mer, un jardin ombragé, de charmantes sénégalaises au bar et en cuisine. Ici se retrouvent des gens de tous horizons; plaisanciers français tourdumondistes ou français échoués depuis quelques temps déjà et un peu paumés! C'est aussi le point de ralliement des bateaux de Voiles sans Frontières, l'association qui nous a proposé une mission dans le Sine Saloum.
Pour pimenter notre première soirée, alors que nous terminons notre repas, Marc sur Good Life rencontré à Dakhla fait un appel sur notre VHF portable que Steph avait pris soin d'emporter au restaurant. Nous savions qu'il devait nous rejoindre dans la soirée. Manque de chance, dans son approche de Dakar près de Gorée, il n'a pas vu les filets sur sa route et est complètement prisonnier. Les deux hélices sont emmêlées dans un filet énorme. Good Life est scotché et ne peut plus bouger. Solidarité entre navigateurs essentielle, voilà Steph et Hugo équipés de leur shorty et couteau de plongée, en route sur l'annexe pour Gorée... Ils rentreront vers 1h du mat, ramené par Marc après avoir réussi à coupé le filet et après âpres négociations avec des pécheurs qui voulaient un dédommagement.
On se la coule douce au CVD: une bonne gazelle (la bière locale) bien fraîche, échanges de tuyaux entre plaisanciers. Nous y rencontrons d'ailleurs le sympathique équipage lyonnais de Varatraza : Bruno, Catherine, William, France, Romane et Paloma. Le contact passe bien entre les enfants. Nous sommes bien contents, nous aussi, d'échanger sur nos expériences et impressions sur le voyage et la galère du CNED! Nous profitons également des conseils de Catherine et Bruno qui sont au Sénégal depuis une quinzaine et qui reviennent du Sine Saloum.
Le CVD, c'est toute une organisation. Il y a Mama nougat qui vend des arachides au caramel, Mama légumes, Mama lessive qui frotte plusieurs grosses bassines de linge par jour, Mama bijou et Rebecca la cuisinière. Toutes ces femmes, souvent seules à élever leurs enfants sont courageuses. Nous profitons également de la bonne cuisine d'Aisha, petite cantine locale proche du centre et des doigts connaisseurs du maître-voilier pour recoudre le lazy-bag.
27 octobre
Enfin Dakhla. Nous sommes heureux d’arriver à Dakhla et nous espérons enfin y trouver le même plaisir d’être au Maroc que lors de notre voyage à Marrakech l’année dernière. Après une première nuit passée juste après la passe, nous levons l’ancre et décidons de remonter les 40 kilomètres de la péninsule pour trouver un petit coin de paradis : sable blanc, eau calme et grand soleil. 1 heure après, alors que nous venions de dépasser le port de pêche de Dakhla, HUMANES est rattrapé par un semi-rigide avec des militaires qui nous informent que nous n’avons pas le droit d’aller plus loin et que nous devons faire des formalités au port de Dakhla.
Pas de pb, je fais demi-tour et entre dans le port de Dakhla. Le port de Dakhla est un truc de fous. Un labyrinthe dont les parois sont constituées de dizaines de sardiniers collés les uns aux autres et HUMANES qui passe dans des passages larges de 15 mètres maxi pour arriver finalement à un bout de quai où nous attendent :
Je mets HUMANES à quai, abîme un peu plus la coque (les quais pour des bateaux de pêche de 25 mètres à l’état d’épaves ne sont pas vraiment prévus pour accueillir des voiliers de plaisance à coque blanche), et fixe les haussières.
Cela ne fait pas 5 minutes que nous sommes à quai que le carré d’HUMANES est déjà envahi de dizaines de mouches qui deviendront des centaines au bout d’une demi-heure.
Et c’est reparti pour les formalités avec une petite nouveauté, l’Inspection Sanitaire. Un monsieur me dit très sérieusement que mon bateau est une source de danger sanitaire pour le port de Dakhla (port qui est dans un état sanitaire proche d'un bidonville) et que je dois faire dératiser HUMANES. Je lui réponds très gentiment que je pense que mon bateau à plus de risques d’attraper des saloperies en accostant dans son port que l’inverse. Et je suis catégorique. Avec le plus grand sourire, je lui dis que s’il souhaite m’imposer une dératisation de mon bateau, je me casse immédiatement et je file au Sénégal. Et là, miracle, plus besoin de dératisation. Mon bonhomme disparaît aussi rapidement qu’il était apparût. Sans doute était-il en cheville avec un mec avec lequel il avait monté un petit business pour soutirer de l’argent aux plaisanciers. Après la fouille d’HUMANES et avoir fourni une nouvelle fois copie des passeports, du carnet de francisation du bateau, de l’assurance, je pars au poste de police (qui est en fait un conteneur avec une porte) pour remplir de nouveaux papiers, vais ensuite au bureau du port pour être délesté de 250 dirhams pour avoir accosté 3 heures à ce ponton pourri dans ce port pourri, doit ensuite prendre un taxi pour aller à la douane et rentre après 3 heures au bateau.
Je demande aux autorités du port à quel moment nous pourrons repartir et aller naviguer dans la péninsule. « Pas pour le moment » me répond-on ! J’ai le droit d’aller mouiller à 500 mètres du port en attendant les autorisations. Et je ne dois pas bouger !
Je retourne au bateau envahi par des milliers de mouches. Le douanier m’avait dit : « vous savez, les mouches, d’habitude, il n’y en a pas autant. C’et parce que c’est la fête du mouton. Donc, il y a plein de moutons abattus qui vont être cuits et mangés. C’est pour cela que toute la ville est envahie par les mouches. Vous allez venir à la fête pour déguster de la viande ? »
« Euh, non monsieur le douanier, je suis végétarien ». Aucune envie d’être malade à crever avec de la viande faisandée qui sert de nourriture à des milliards de larves de mouches !
Nous quittons le quai du port de pêche et filons mouiller à un ½ mille. Nous mettrons 5 jours à nous débarrasser de ces mouches et 5 jours, c’est également le temps que nous resterons au mouillage à attendre en vain une autorisation qui n’arrivera jamais d’aller naviguer. Excédés, Nathalie et moi décidons de partir de ce coin pourri le 2 novembre. Destination : Dakar. Espérons que nous ne serons pas aussi déçus que pour le Maroc. Bye bye le Maroc. Plus jamais à la voile et même par la terre, je ne reviendrai pas avant longtemps ! Tant qu'à donner mon fric, je préfère le donner à des gens qui ne me prennent pas pour un pigeon !
24 octobre
Après deux jours de nav non-stop et une grosse dispute sur le bateau avec Nath (pour une broutille, comme d'habitude), nous décidons de passer une nuit au mouillage face à une plage de sable blanc juste après le port de pêche de Tarfaya. Après avoir mouillé l’ancre et alors que nous commencions à nous détendre, nous sommes contactés sur la VHF par les autorités portuaires de Tarfaya qui nous expliquent que nous ne pouvons pas rester là où nous avons mouillé et que nous devons venir passer la nuit dans le port. Je tente d’insister pour rester au mouillage, mais rien n’y fait, mon interlocuteur reste sur sa position. Cela me change de Tanger où les autorités portuaires refusaient formellement que nous rentrions dans le port. Ici, ils veulent à tout prix que nous passions la nuit dans le port, pour notre bien et notre sécurité nous disent-ils. Tant de sollicitude de la part des autorités marocaines aurait dû éveiller ma méfiance. D’un commun accord avec Nath, nous obtempérons et entrons alors dans le port de Tarfaya qui est un port de pêche et de commerce mais absolument pas un port prévu pour les bateaux de tourisme.
Une fois le bateau à quai, nous subissons de nouveau toutes les formalités d’entrée (Police, Douane, autorités portuaires et j’en oublie). Nous nous plions de bonne grâce aux contrôles et je suis emmené pour finir l’interrogatoire dans les bureaux de l’ANP, l’Agence Nationale Portuaire. Là, les représentants des différentes administrations me font remplir le même papier, me posent les mêmes questions et tentent de se mettre d’accord sur ce qu’ils attendent de moi. Le ton est cordial et j’ai le droit aux habituels « Soyez les bienvenus au Maroc ». Au moment de partir, le représentant de l’autorité portuaire m’indique que la nuit au port est facturée 200 dirhams, soit environ 20 €uros. Je ne suis qu’à moitié étonné de cette facture et me dit qu’après tout, si je dois payer 20 €, pas de problème, même si le port est pourri et pue le mazout et le poisson. Et que je suis traité comme un dealer ! Mes papiers me sont confisqués et je n’aurai le droit de les récupérer qu’au moment du départ.
Je rentre au bateau à pied directement car je n’ai pas le droit d’aller dans la ville et remarque à mon arrivée une voiture que j’avais vue devant le poste de police immobilisée à 50 mètres d’HUMANES, moteur éteint avec à son bord un passager. Je sortirai au cours de la soirée et de la nuit plusieurs fois sur la jupe arrière d’HUMANES et à chaque fois, la voiture sera là. J’ai comme l’impression que nous sommes surveillés.
Le lendemain à 7 heures, je vais au Bureau de l’ANP pour payer mes 200 dirhams et récupérer les papiers du bateau. Là, mon interlocuteur m’indique qu’en fait ce n’est pas 200 dirhams que je dois mais 400 !
J’ai donc payé, avec l’impression de me l’être fait mettre bien profond, mais je n’ai pas eu d’autre choix que d’obtempérer. 50 €uros pour me faire ruiner la coque de mon bateau, passer 1h30 à faire des formalités, être surveillé la nuit et tout cela dans une odeur merdique de fuel et de poisson, Tarfaya restera une grande escale pour HUMANES.
L’ANP est une organisation qui rackette les plaisanciers et n’apporte aucun service. J’espère que des dirigeants de l’ANP liront mon blog et surtout que je découragerai des navigateurs d’aller naviguer au Maroc, pays qui ne présente aucun intérêt par la mer comparé au Sénégal qui fût un vrai bonheur. Mais là, je déflore les prochains billets. Chaque chose à la fois. Car au niveau baise pour la navigation au Maroc, le meilleur reste à venir avec Dakhla. Attention, je veux être claire : je remets en cause les conditions d’accueil des plaisanciers au Maroc par les autorités et non l’accueil fait par les marocains et la beauté du pays.
Seul point positif de cette escale : j'ai été durant 12 heures un super-héros aux yeux de mes deux filles. J'ai sauvé de la noyade un chaton de quelques semaines après l'avoir repêché à l'épuisette, lui avoir fait un massage cardiaque et du bouche-à-bouche. 12 heures, c'est le temps qu'il a fallu pour passer du stade de super-héros à celui de super-méchant. Car le lendemain, malgré les pleurs et les supplications de mes filles, j'ai catégoriquement refusé que nous gardions ce chaton à bord. Et pour couper court à toute discussion, je l'ai noyé pour ne plus être tanné par mes filles... Nan, je déconne, je ne l'ai pas noyé mais remis sur le quai. Méchant le Stéph, mais pas trop !
18 octobre
Après une manœuvre d’accostage un peu chaude (50 centimètres de chaque côté des coques d’HUMANES pour le glisser dans la place qui lui a été affectée), nous constatons avec plaisir qu’il y a pleins de gamins français sur le ponton. En fait, il y a autour de nous 5 à 6 bateaux de familles françaises qui attendent de partir soit vers les Canaries, soit vers Dakar, soit vers le Cap-Vert avant de faire la transat. Nos enfants vont enfin pouvoir s’amuser quelque jours avec d’autres enfants de leur âge. Mais pas avant d’avoir fait les formalités d’entrée qui nous permettront de descendre à terre. Car pour le moment, interdiction de quitter le bateau tant que nous n’avons pas vu les autorités portuaires, la police et …… la douane évidemment. Ici, nous sommes dans une marina privée, donc pas d’ANP. Avec tous les services proposés, le prix à la journée est moins élevé qu’à SAFI. Nous accueillons 4 officiels sur le bateau. De nouveau, copies des passeports, confiscation de l’acte de francisation, formulaire identique à remplir 3 fois, fouille du bateau…. Le fonctionnaire de police part avec nos passeports et revient 3 heures après pour nous les rendre. Nous pouvons aller enfin nous promener librement.
Au cours des quelque jours passés à Agadir, nous sympathisons avec les équipages des voiliers français et nous promenons dans la ville. Mais nous n’avons pas le coup de foudre si particulier que nous avions eu en Turquie ou en Italie.
Nous décidons donc finalement de partir d’Agadir pour Dakhla, ville du Sahara occidental sous contrôle marocain dont nous avons entendu beaucoup de bien. Peu de navigateurs, des langoustes à gogo et un paysage de désert dans lequel se niche une péninsule de 40 km parallèle à l’Océan Atlantique. Dakhla est juste avant la Mauritanie que nous avons prévu de longer sans s’arrêter lorsque nous irons au Sénégal.
Nous larguons les amarres le 22 octobre vers 16h00 pour une navigation non-stop de 5 jours non sans avoir encore eu à effectuer des formalités et essuyé un refus de la police de nous rendre nos passeports 1 heure avant le départ. Motif : nous devons partir immédiatement une fois que nous avons les passeports et pas une heure après. Mon stock de patience et de tolérance commence à être épuisé devant tant de procédures et tracasseries que je juge inutiles. Et je n’ai encre rien vu car nous allons tout bonnement être rackettés par l’ANP lors de notre escale à Tarfaya. La suite au prochain billet.
1. Par Pierre le 20/06/2017
Bonsoir, Je viens de parcourir votre blog, merci pour vos informations très utiles et photos. Nous ...
2. Par Bouville le 06/02/2017
Decidemment Lagoon toujours au top en terme d'agents! Nous avons eu de gros soucis avec eux ou plutot ...
3. Par PHILIPPE BOUTRY le 21/11/2016
Imagine, notre 442, nous a toujours comblé notamment lors d'une grande virée vers les Antilles et les ...